Mercredi j’avais rendez-vous avec Jia, un dur des durs. Quelques jours auparavant il m’avait contacté, ayant trouvé mon site sur le web. Il voulait faire un peu de route avec nous. Rendez-vous fut donc pris et on a roulé quelques km ensembles.
Ancien marine dans l’armée Chinoise, puis membre de la brigade SWAT de la police, il s’est engagé comme mercenaire en Iraq. Baraqué comme deux, il aime bien se pavaner et en rajoute pas mal encore à son CV hors du commun. Je lui ai promis de ne pas publier sa photo sur le web, ni de mettre son vrai nom.
Il m’a invité chez lui et offert l’hospitalité pour la nuit. On a passé une sacré soirée lors de laquelle il m’a montré des photos impressionnantes et m’a longuement raconté la vie de mercenaire dans un pays en guerre. Plus tard, alcool aidant, ce guerrier moderne s’est avéré avoir un noyau plutôt mou, étant même au bord des larmes lorsqu’il m’a raconté sa peine, par-ce-que son père, médecin, l’a répudié. Même si son genre, et son attitude vis-à-vis de la vie ne correspondent en rien au mien, ce fut tout de même une expérience fort enrichissante pour moi. Il faut de tout pour faire un monde.
Jeudi, c’était l’étape-reine. De 1900 à 3000m environ. Je ne connais pas la hauteur exacte, nos altimètres, GPS et autre carte routières ne sont pas d’accord. Alors permettez-moi d’arrondir à 3000, ça sonne mieux. En fait, la vérité est probablement vers 2900. La montée, que ne fut pas bien raide, en était logiquement d’autant plus longue, une bonne quarantaine de km. On est monté chacun à son rythme, et Charel, malgré sa récente chute, a pu endosser le maillot à pois ans contestation. La longue descente suivante fut loin d’être plaisante, le vent s’étant de nouveau mêlé à la partie, et, au lieu de nous laisser glisser vers la vallée, nous avons du écraser nos pédales comme des fous ; jamais on n’aurait cru que la route est en descente.
Lors d’une de nos pauses-snack, des paysans travaillant à une batteuse tout près, nous ont invités à partager des fruits avec eux. Nico n’a pu résister à l’envie de leur donner un coup de main.