Quel changement de décor en entrant au Venezuela ! Plus de motos, mais des vielles voitures. Cela m’a tout de suite fait penser à Cuba, à la différence que là, les voitures sont des années cinquante et ici elles sont des années 70. Ce sont toutes de grosses voitures américaines, complètement en ruine, c’est à se demander comment elles roulent encore. Contrairement aux Cubains qui soignent et asticotent leurs machines, ici elles sont toutes cabossées et en ruine, rafistolées avec des fils de fer, sans vitres et souvent même sans éclairage.
Je m’étais promis de ne jamais rouler la nuit, surtout dans les pays « sensibles » Et bien, le Venezuela est un pays « sensible » et dès le premier jour il ma fallu rouler plusieurs heures la nuit, sous la pluie de surcroit. Le passage de la frontière avait pris plus de temps que prévu, et ici la nuit tombe très rapidement. Vers 17.30, il commence à faire nuit, et c’est le noir total un quart d’heure plus tard. Dans beaucoup de pays les routes allant vers les frontières ne sont pas en bon état, surtout si cet état n’est pas vraiment un pays ami. Le Venezuela n’est pas une exception, et les premiers km dans ce pays furent exécrables. Au début j’ai souri quand le douanier m’a dit qu’il fallait 3 heures pour couvrir les 110 km jusqu’à Maracaibo, ma ville étape, mais à la fin, j’ai eu du mal à réaliser ce temps.
Dès qu’il faisait noir ma vitesse est tombée dramatiquement. Je roulais à peine à du 30 km/h, essayant de deviner les voitures se trainant sans éclairage et d’éviter les plus gros nids de poule, ce qui n’a pas toujours marché. Mais bien plus dangereux, voire franchement criminel, ce sont les bouches d’égout qui souvent n’ont plus de couvercle car celui-ci a été volé. Tomber dans un trou pareil signifierait tout simplement la fin de mon voyage. Finalement, une dizaine de postes de contrôle de police et militaires n’a pas accéléré les choses non plus.
Le Venezuela possède du pétrole, beaucoup de pétrole. Alors, socialisme aidant, j’ai battu un record que je croyais impossible à battre : Celui de plein d’essence le moins cher. Mon ancien record a été en Iran, où j’ai fait un plein pour 1$, mais en magouillant avec les pompistes, je dois avouer.
Mais ici, j’ai tout légalement fait le plein pour 0,25$ !
De l’autre côté, toujours socialisme aidant, depuis les deux jours que je suis dans le pays, je crèche dans des hôtels délabrés où rien ne fonctionne, à part le sourire et la gentillesse des Vénézuéliens. Les prix, malheureusement sont au niveau des bons hôtels européens, entre 100 et 200$ la nuit. Ceci est dû au cours de change totalement farfelu du Bolivar. Le cours officiel est de 4500 Bolivars pour un $, alors que sur le marché noir on en offre 8500. Malheureusement les hôtels sont obligés d’appliquer le taux officiel.
L’hôtel d’aujourd’hui, par exemple : Le « Paradise Beach » à Turacas. Pour 150$ j’ai droit à une chambre « matrimoniale ».
Oublions l’ascenseur en panne.
L’internet promis ne marche pas, mais cela, je commence à m’y habituer.
Il n’y a pas d’eau chaude non plus, cela aussi ce n’est pas bien grave. Une arnaque que j’observe souvent, c’est que, pour un petit supplément, l’on essaye de refiler une chambre avec baignoire au lieu d’une douche. Mais il n’y a pratiquement jamais de bouchon dans la baignoire, de sorte qu’on doit se doucher quand même. Et puis, l’eau est froide de toute façon. Une autre arnaque est qu’on m’explique que tout l’hôtel est complet, (mensonge éhonté) et qu’il ne reste plus qu’une suite, à un prix plus élevé, désolé. Suite, qui plus tard ressemble étrangement à une chambre normale.
Continuons la visite. Il y a ensuite, le lavabo, joliment encastré dans meuble en bois. En me lavant j’ai soudainement eu les pieds mouillés. Vérification faite, le lavabo n’est pas relié à une tuyauterie d’évacuation, mais l’eau coule gentiment dans le meuble, puis sort par en-dessous pour partir dans un trou plus loin dans le sol. Le restaurant est fermé, et quand j’ai demandé un peu d’eau, la réceptionniste m’a amené un joli pot en plastique bleu avec une eau bien fraîche.
Finalement les draps de lit, sales et puants, n’ont pas dû être changés depuis une éternité, et j’ai dormi dans mon sac de couchage pour me sentir mieux à l’aise.
Jai déjà dormi dans pas mal d’endroits drôles et crades, mais jamais pour 150 $
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