Rouler en moto dans les pays de l’Amérique Centrale et du Sud est souvent un vrai plaisir. Il n’y a que peu de trafic en dehors des villes, et les routes sont bonnes pour la plupart du temps ; du moins jusqu’ici. Les limitations de vitesse sont purement théoriques, personne ne s’y tient, du moins pas ceux qui ont les moyens de s’offrir une voiture rapide. Alors que moi je roule à fond la plupart du temps, les motos d’ici, souvent des petites cylindrées, sont rapidement à bout de souffle. Alors les motards d’ici ont d’autant plus de plaisir à admirer la mienne, ils me saluent, m’encouragent à accélérer, à foncer. Ceci joue même pour les policiers. Quand à l’un des nombreux point de contrôle je me renseigne sur les distances qui me restent à couvrir, souvent j’entends des réponses comme : « Deux heures ; mois toi, avec ta moto, tu vas le faire en une heure. » Et de rire, en mimant un motard couché sur sa bécane, les gaz à fond. Puis on m’interroge sur la cylindrée, la puissance, la vitesse de pointe, le prix. Même si je révise ce dernier fortement à la baisse, on s’étonne pourquoi je n’ai pas acheté de voiture à ce prix là.
La Colombie est le pays où j’ai vu le plus de motos jusqu’ici ; il y en a partout. Le pays aime tellement les motards que sur les péages d’autoroute il y a toujours un passage spécial pour motos, et gratuit en plus. La loi du plus grand nombre aidant, en ville ils font la loi, se faufilant partout et je dois être très concentré pour surveiller tous les endroits possibles d’où peut jaillir une moto sans le moindre respect des priorités.
Il y en a également qui font mototaxi. J’ai utilisé ce service plusieurs fois en Colombie, en faisant mon parcours du combattant à la chasse de tampons, certificats et autres documents. Pour un prix dérisoire et des sacrées poussées d’adrénaline on t’emmène rapidement partout. Casque obligatoire, le conducteur à toujours un deuxième casque avec lui, taille XXL, pour qu’il convienne à tous ses passagers. Le casque n’a ni visière ni lanière de fixation et il faut bien le tenir pour éviter qu’il ne s’envole.
J’ai l’impression que beaucoup de conducteurs d’ici ne comptent pas parmi les meilleurs du monde, mais ce n’est pas bien grave, car pour la plupart, ils conduisent lentement. Leur système de clignotants est toutefois énigmatique. Souvent ils roulent avec les feux de détresse allumés : C’est soit pour signaler un danger, soit par ce qu’ils roulent lentement, soit par ce qu’ils ont l’intention de s’arrêter, soit tout bonnement parce qu’ils ont oublié de les éteindre. Pour changer de direction, en règle générale on ne met pas de clignotant ; en ville on fait parfois un signe de la main. Quand ça se complique, c’est quand je veux dépasser. Des fois, ils mettent le clignotant gauche ; c’est soit pour me faire signe que je peux passer, mais cela pourrait également dire qu’ils vont tourner à gauche, et alors ça pourrait faire mal. Mais le plus souvent ils sortent le bras, et me font signe de passer.