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C’est la frontière la plus insolite que j’ai traversée.

Le Suriname et la Guyane Française sont séparés par le fleuve Maroni. Il n’y a pas de pont.

Dès mon arrivée, je suis pris d’assaut par une demi-douzaine de canotiers qui, avec leur pirogue veulent me faire passer de l’autre côté, moi et ma moto. Le prix descend rapidement de 40 à 20 Euros. Je décline poliment, et roule vers l’embarcadère du bac qui fait la navette entre les deux pays. Mais une fois arrivé, j’apprends que le prochain départ ne sera que le lendemain après-midi. Le poste de douanes, désert, est juste à côté de l’embarcadère, tout aussi désert. J’y fais tamponner mon passeport, et retourne voir du côté des pirogues. Ici, tout est en effervescence. Il y a au moins une vingtaine de pirogues, qui circulent en permanence, transportant hommes et marchandises d’un côté à l’autre, le tout au nez et à la barbe des douaniers. Ici il n’y a tout bonnement aucun contrôle, on passe librement.

Bon, mais une moto ?

On m’assure que cela ne pose aucun problème, qu’on a transporté bien plus gros que cela. Je n’ai pas envie de perdre une journée ici, on se met d’accord sur le prix, et c’est parti. Cinq gaillards costauds hissent ma lourde moto dans une pirogue, non sans mal d’ailleurs. On la cale du mieux qu’on peut, et nous voilà partis pour cinq minutes de traversée.

Une fois du côté français, on accoste sur la plage, loin du bureau des douanes, une fois de plus. Les passeurs et les policiers ne sont pas les meilleurs amis, me semble-t-il. Ma moto est débarquée, on se serre la pince et ils repartent. Moi, je me mets en selle pour rouler vers le bureau d’immigration français, quand je vois qu’on m’a volé ma carte et quelques objets sans grande valeur. Dommage.

Le douanier français, tout aussi ennuyé que son collègue surinamais, et pas raciste pour un sou, m’assure que cela ne l’étonne pas, et que tous les noirs sont des voleurs, de toute façon. Belle entrée en matière de la part d’un représentant officiel de la France.