J'ai effectué le passage du Panama vers la Colombie à bord du Flamboyant, un sloop de 43 pieds, vieux de 39 ans, mais en très bon état. Pour les 6 couchettes disponibles, nous étions 9 à bord, de 8 nationalités différentes. Mais tout se passa bien, l'excellente cuisine d'Isabella y étant surement pour quelque chose.

En route, nous avons fait escale dans l'archipel de San Blas où habitent les Kuna. C'est un peuple de guerriers, issu sans doute des mayas. Ils sont quelque 50.000 et parlent leur propre langue, le Kuna. Cette langue est uniquement parlée, il n'existe pas d'écriture, et donc logiquement pas d'archives sur l'histoire de ce peuple. L'archipel San Blas compte 360 îles, souvent petites voire minuscules, dont une soixantaine sont habitées. En fait d'habitations, ce sont des huttes de bambou recouvertes de feuilles de palmiers. Chose curieuse: Ni les huttes, ni les îles ne leur appartiennent individuellement, mais au peuple entier. Ainsi, dans un sens d'équité sans doute, ils ont installé un système de rotation, et changent d'île tous les trois mois.

Vis-à-vis du Panama ils ont obtenu un statut d'autonomie avec leurs propres lois. Très méfiants, voire hostiles vis-à-vis des étrangers, nos contacts n'ont pas été des meilleurs. Alors qu'ils acceptent sans un remerciement les cadeaux et médicaments qu'on leur a offerts, ils se fâchent tout de suite après si on ne leur achète pas un n-ième bracelet ou robe de leur confection. Alors que, il y a moins de 10 ans, ils ne connaissent même pas encore l'argent, vivant de troc uniquement, on a la déplaisante impression qu'ils n'en ont qu'après les dollars des rares visiteurs, qui ne sont nullement les bienvenus. Malheureusement ils ne sont pas trop honnêtes non plus, et nous ont menti et volés. Je n'ai pas observé le moindre signe d'affection entre eux-mêmes non plus.

Les missionnaires espagnols n'ont pas réussi à les convertir, et ils croient toujours en la Mère Terre.

Les iles sont toutes à fleur d'eau, entourées de récifs coraliens. Ce qui sont des conditions de rêve pour plongeurs, ne le sont pas pour les navigateurs; j'ai observé plusieurs bateaux échoués.