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On n’accède pas Canaima dans La Gran Sabana, par de belles autoroutes, comme on le fait aux parcs du Canada ou des Etats-Unis. Ici on a le choix entre deux possibilités: Ou bien on prend l’avion,  ou bien on achète des cartes postales. Ce parc, de la taille de la Belgique environ se situe au sud du Venezuela. De petits avions partent de Ciudad Bolivar pour atterrir en pleine forêt tropicale 1h30 plus tard. En vol j’ai déjà pu me rendre compte de ce qui m’attendrait les prochains jours : De l’eau, beaucoup d’eau. Changement climatique obligeant, la saison de pluie dure plus longtemps depuis quelque temps et les pluies sont plus abondantes. Ca va être pénible, je le sens, mais je suis venu pour un spectacle bien spécial, les chutes du Rio Kerep et le « Angel Fall » Et pour voir ceci, plus il pleut, et plus il y a de l’eau, mieux c’est. A Canaima nous avons changé l’avion contre une pirogue à moteur. La taille de l’engin me surprit un peu, mais j’ai bien vite compris pourquoi.

Et nous voilà partis pour une remontée de quatre heures des eaux noires du Rio Kerep, fleuve qui plus tard va se jeter dans l’Orinoque.

Ces pirogues, taillées d’une pièce dans d’immenses arbres, ne sont pas les derniers modèles de l’aérodynamique ; et à peine partis, tout le monde est trempé. Ce n’est pas bien grave, l’eau est chaude.

Le fleuve est bien large et s’écoule paisiblement en aval. Le puissant moteur de la pirogue nous fait voler sur les eaux.

Jusqu’à la première cataracte.

Et j’ai compris le pourquoi de ce moteur surpuissant.

L’engin hurle à mort et nous nous enfonçons à pleine vitesse dans l’eau tumultueuse. L’eau noire s’abat sur nous, plus rien n’est au sec. Il faut écoper. Heureusement que nous avons bien sécurisé nos affaires dans des sacs étanches. La bataille entre machine et nature dure une vingtaine de secondes et nous sommes à nouveau en eaux calmes. Mais pendant quatre heures les rapides et cataractes vont se succéder ; et au fur et à mesure que le fleuve rétrécit, elles vont augmenter en fureur. J’estime à un facteur 3-4 sur l’échelle de white water rafting, qui va jusqu’à cinq. Mais la sensation est différente, la longue pirogue est rigide et n’épouse pas les flots comme le font les pneumatiques en caoutchouc du rafting classique. Voilà pourquoi notre pilote n’a pas de marge de manœuvre, il doit foncer droit dedans et compter sur la puissance de son moteur pour surmonter l’obstacle.

Finalement arrivés, nous prenons quartier dans notre « hôtel » : une douzaine de hamacs suspendus sous un toit de tôle. Pas d’électricité ni d’eau courante, mais un superbe barbecue au feu de bois. Charmant, si les moustiques ne s’étaient pas invités à la fête.  

On dort peu, toute la nuit de violents orages tambourinent le toit. Ca fait un boucan d’enfer et  il y a de l’eau partout. C’est assez inconfortable, mais c’est bien quand même. Car demain on va voir le saut de l’ange, le « Salto Angel »

Et cela, je vous le raconterai demain.