Ici, au moins, les frontières sont claires.
De Guyana au Suriname, un fleuve, pas de pont, mais un bac
Du Suriname en Guyane Française, un fleuve, pas de pont, pas de bac jusqu’au lendemain, mais des pirogues. Les gars sont costauds et habiles, ça marche.
De la Guyane Française au Brésil, un fleuve, un pont qui n’est pas ouvert, un bac qui ne vient pas et des pirogues. Les gars sont moins costauds, mais malhabiles et foutent ma moto par terre. Elle ne tombe pas dans la flotte, heureusement ; on arrive à la rattraper. Contrairement à mon casque, qui se fait la belle. On le repêche, mais l’électronique Bluetooth de mon GPS n’a pas aimé le bain, et décide de se mettre en grève. Pour le moment ce n’est pas bien grave ; là où je vais aujourd’hui, je ne peux pas me tromper de route, il n’y en a qu’une. Enfin, route n’est pas le bon mot ; aujourd’hui ce sera de nouveau la piste. C’est le morceau que je crains le plus, tous les rapports qu’on m’en a faits m’ont préparé au pire.
En ce qui concerne les pistes du coin, il vaut mieux être comme St.Thomas, il ne faut croire que ce que l’on voit. Bien sur, j’ai eu quelques centaines de km de piste aujourd’hui, mais ce n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu au Guyana. C’est de la belle et bonne piste, bien large la plupart du temps et pratiquement sans trous. Je n’en reviens pas. Mais je suis chançard, car en plus, il ne pleut pas, c’est seulement le 3ème jour sans pluie depuis que j’ai quitté Mexico City le il y a deux mois exactement ! Je suis pratiquement seul, je croise une voiture toutes les heures. Dans mon sens je double un seul camion, chose pas facile à cause de la poussière qu’il soulève. Alors je fonce, l’aiguille de mon tachymètre s’affole, j’ai des pointes de 150 km/h, enivré par la vitesse, la poussée d’adrénaline. La route est souvent un vrai toboggan, en remontant les pentes bien raides, je n’ai aucune idée de ce qui se présente de l’autre côté. Il faut que je ralentisse, c’est dingue. Souvent dans le creux des vagues, il y a un pont en bois, pas toujours bon, mais toujours bon pour une belle frayeur, un freinage à mort et quelques sueurs froides. Mais c’est là le seul point commun avec ma traversée de la forêt tropicale de Guyana.
Un cout passage délicat sur un tronçon de chantiers fait place à une superbe route asphaltée toute neuve. Je regrette presque que c’est terminé. Mais j’ai tellement bien avancé que je continue sur Macapa, et en un jour, je fais ce qui était prévu pour deux.
Je suis à Macapa, à une trentaine de bornes de l’équateur, au bord de l'Amazone, le plus grand fleuve du monde. La route s’arrête ici. Maintenant il me faut trouver un bateau pour me remonter le fleuve jusqu’à Manaus.
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J’ai de la chance (Une fois de plus) Grâce à mon étape rapide d’hier, je vais pouvoir embarquer aujourd’hui pour Manaus. Sinon, j’aurais du attendre 5 jours.