Il y a à Caracas 160 meurtres pour 100.000 habitants, mettant la ville loin en tête des capitales les plus dangereuses du monde, loin devant Cape Town, avec 80 Meurtres pour 100.000 habitants. Ceci est le dernier chiffre officiel, datant de 2006. Depuis on ne publie plus de chiffres.
En surfant un peut sur le net, on trouve des histoires de vol, fusillades et meurtres, l’une plus ahurissante que l’autre. Ici tout le monde a peur, le crime est devenu non contrôlable et non contrôlé. Des gangs organisés opèrent impunément dans les bidonvilles de la cité. Ces bidonvilles explosent sous l’afflux de nouveaux arrivants attirés par d’utopiques richesses venant du pétrole.
Une chose qui m’a frappée, c’est le peu de présence policière dans la ville, en comparaison des autres pays que je viens de traverser récemment. Lors d’entretiens avec des habitants d’ici, j’ai cru comprendre deux raisons :
La première, c’est le président, M. Chavez. D’ailleurs c’est toujours son nom qui est cité dès qu’on aborde tel ou tel problème. Lors de sa première élection à la présidence du pays, la police vénézuélienne était plutôt du coté de l’opposition. Craignant un coup d’état, et pour la mater, il l’a carrément décapitée, limogeant tous ceux qu’il estimait potentiellement dangereux pour lui. Ainsi la police est largement en sous-effectifs, et beaucoup de crimes, voire de meurtres sont classés sans même qu’il y ait enquête.
Il y a ensuite la police elle-même. Bien souvent elle est de mèche avec les criminels, surtout dans les affaires d’enlèvements, où ainsi ils ont le contrôle total sur les réactions des proches. On m’a cité une histoire d’enlèvement, où la famille avait demandé l’aide de la police, chose déjà rare en soi. La police a retrouvé la victime et l’a rendu à la famille qui n’avait pas versé de rançon. Mais ensuite, comme « reconnaissance » ce sont les policiers eux-mêmes qui ont empoché l’argent. On cite de nombreux cas où des policiers en uniforme braquent les gens pour les voler. Cette méfiance justifiées vis-à-vis de la police fait que la population ne fait pas appel à eux, et même dans les quartiers riches je n’en ai pas vu, pas même des gardes privés. Par contre les belles maisons sont toutes entourées de hauts murs surmontés de barbelés, lignes électriques et caméras dans tous les coins.
Une autre explication à l’augmentation incontrôlée de la criminalité nous ramène de nouveau à M. Chavez, jamais en manque de citations spectaculaires. Ainsi il aurait dit que ce n’était pas un crime de voler, si on a faim, légitimant pour ainsi dire le vol. De même a-t-il suggéré que les sans-abris occupent de force les maisons de riches. Jusqu’où la folie d’un socialisme chimérique peut-elle mener ?
J’ai utilisé les services d’un guide privé pour visiter la ville, tous les avertissements que j’ai eus depuis que je suis dans ce pays m’ont vraiment fait trop peur. Et bien mon guide avait plus peur que moi ; a tout bout de champs il nous voyait suivi par des truands (C’était vrai quelque fois), a changé de côté de rue tout le temps, regardait presque plus en arrière qu’en avant, puis m’a entrainé dans des magasins, ou cafés, juste le temps d’attendre quelques minutes avant de repartir. De cette sorte, de Caracas je n’ai pas vu grand-chose, et j’ai l’impression qu’il n’y a pas grand-chose à voir d’ailleurs. La nuit c’est une ville morte, les habitants se terrent chez eux, et la ville appartient aux criminels.
Un ami m’a raconté qu’il a voulu s’acheter une arme pour se protéger. Chose facile ici, il s’est mis d’accord sur le prix, et a promis de venir la chercher le lendemain. Quand il est revenu, l’arme était déjà vendue à un autre acheteur, mais le vendeur l’a consolé en lui proposant d’effectuer « la besogne » pour lui, à un prix moins élevé que celui du pistolet…
Simon Bolivar, le libérateur. Il a sa statue sur la place centrale tous les villes et villages.
Un barrio, à Caracas: Visiteurs s'abstenir!