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La route est belle, le soleil brille, il ne ait pas trop chaud.


Ce soir je veux être à Blumenau, la ville « Allemande » du Brésil.


Et puis, dans un long virage en descente vers la droite : la tache d’huile.


Je dois faire du 120 km/h. La moto dérape ; j’ai rien vu venir.


Tout ce que je vois, c’est que je glisse sur le côté opposé de la route. De ce côté-là, il y a deux voies. Deux camions montent lentement, l’un s’apprête à doubler doubler l’autre.  Moi,  je glisse vers eux. Le chauffeur du camion le plus près de moi a le bon réflexe : Il freine à mort, se rabat sur le côté droit. Ma glissade s’arrête dans la voie qu’il allait juste emprunter.


Il était moins une…


Je me relève, cours vers ma moto, qui elle s’est échouée de l’autre côté de la route.
Les camions continuent leur route, personne ne s’est arrêté. Pas non plus les voitures qui venaient derrière moi. Enfin quelqu’un s’arrête, le chauffeur descend, et on remet ma moto debout. Elle est salement amochée, le coffre droit est écrabouillé. La boite de vitesses est coincée.  J’arrive à la débloquer, démarre : Elle part au quart de tour. Bonne machine !


Moi-même je ne suis pas beau à voir. Mon costume de motard est en lambeaux, mais il m’a super bien protégé, de ce côté je n’ai pas de blessures, du moins rien de grave.  Mais ma jambe droite me fait un mal de chien. C’est maintenant la troisième fois qu’elle déguste, et cette fois-ci c’était la bonne. J’arrive à peine à boitiller. Pire encore mes mains. A cause de la chaleur, je n’avais pas mis de gants, et maintenant je reçois l’addition. La peau des paumes est pratiquement partie partout, ça saigne peu, mais ça fait d’autant plus mal.


Je repars immédiatement, avant que le choc ne produise son effet.


A un poste de police un peu plus loin il n’y a pas de trousse de premier secours.


Au poste de péage 15 km plus loin, on peut enfin nettoyer et bandager mes mains.


Je repars et roule 400 km vers Blumenau. En cours de route, j’ai de plus en plus de problèmes à passer les vitesses, mais finalement j’arrive à destination. Je prends une chambre dans le premier hôtel venu, mais, lorsque je veux mettre ma moto au garage, elle ne démarre plus, refuse tout service. Tant pis, on verra cela demain.


Un taxi m’emmène à l’hôpital. Le docteur ne parle pas anglais, mais allemand ; après tout on est à Blumenau. Ma jambe est passée aux rayons-X : rien de cassé, juste une entorse. Entretemps j’étais déjà en train d’imaginer comment continuer ma route avec une jambe plâtrée…
Puis on re-nettoye les mains, coupe la peau morte, me refait un joli bandage, et me revoilà dans mon hôtel, prêt à passer une nuit misérable.

Les traces de ma chute sur la route