26 et 27 octobre jour sept et huit
On est lundi, et au Luxembourg les recherches auront commencé, j’en suis sur. Je m’imagine toutes les démarches possibles pour me libérer. A mon retour j’apprendrai que tout ce que je m’imaginais a bien été fait, et beaucoup plus encore.
Je vais de plus en plus mal.
Maintenant j’ai également la diarrhée, et je sens que la fièvre monte en moi.
La journée passe lentement, avec les mensonges habituels.
Je n’ai pas fait de gymnastique, je suis trop faible.
Aujourd’hui je n’ai marché que 6 kilomètres.
Il faut que je me ressaisisse.
Mardi :
Je suis dans le bureau de Nabir, quand un vacarme inhabituel vient du dehors. Deux jeunes sont poussés dans la pièce. Ils doivent avoir aux environs de quinze ans. On les fait agenouiller devant Nabir, dont je découvre maintenant le côté de chef-geôlier. J’ai du mal à comprendre ce qui se dit, tellement tout le monde hurle, mais il me semble que les deux aient poignardé quelqu’un.
Puis les premiers coups partent.
Je me sens mal à l’aise, demande à Nabir la permission de rentrer dans ma cellule.
- Tu restes assis, me crie-t-il.
Puis je suis obligé d’assister à un passage à tabac qui finit en vrai massacre ! Durant ce qui me parait une éternité, quatre gardiens tapent et cognent sans pitié, cherchent les endroits sensibles, la où ils peuvent faire le plus mal.
Il y a le cinéma et la réalité.
Ici ce n’est pas le cinéma.
Pendant ce massacre en règle, Nabir m’observe du coin de l’œil, guette ma réaction. Je suis horrifié.
Quand finalement les gardiens, en sueur, s’arrêtent, les deux adolescents ne bougent plus ; ils sont bons pour l’hôpital. On les traine en dehors de la pièce.
Moi, on m’enferma clef dans ma cage.
J’ai compris le message.
Mes mains tremblent, mais cette fois ce n’est pas de froid.
Je me lève et tourne sans fin.
Quand je me couche, j’ai marché 16 kilomètres. 16 km, ça fait 1600 tours, 6400 virages……